Dâna Paramita

Bouddha - prologue

Afin de mieux saisir le bouddhisme, il est capital de dire deux mots sur l'univers religieux du nord de l'Inde dans lequel a baigné le futur Bouddha.


Le milieu religieux de l'Inde du nord au 6ème siècle avant J.-C.

>Deux notions sont capitales pour la compréhension des systèmes religieux indiens : le samsara et le karma. Le samsara désigne la ronde des existences, en d'autres termes les réincarnations. Le processus de renaissance obéit à certaines règles, notamment à ce qu'on appelle le karma. Le karma est la rétribution des actes, ce qui fait que de bons actes entraineront une bonne renaissance et de mauvais une renaissance peu souhaitable qui ne permettra pas d'atteindre la délivrance. Cette délivrance, l'idéal absolu pour un brahmane, est de sortir de ce cycle sans fin des renaissances. Pour accéder à ce but, les brahmanes ont élaboré tout un système de rites.
Le bouddha dans le milieu religieux du 6ème siècle avant J.-C.

>Le Bouddha s'opposera notamment à ces rites et niera la notion d'ame individuelle si importante dans la pensée indienne (atman).Le Bouddha est né vers le milieu du 6ème siècle avant notre ère, dans une famille aristocratique, dans le nord de l'Inde aux pieds de l'Himalaya dans la ville de Kapilavastu. Le nom de patronymique du Bouddha était Gautama et son nom personnel, Siddhârtha. Lors de la naissance du prince Éveil, un sage avait prédit au roi, père de Siddhartha, que le prince finira par renoncer à sa voie de prince et embrassera la voie religieuse après avoir fait la rencontre de quatre signes : la vieillesse, la maladie, la mort et l'ascèse. Dès lors, le roi ne cessa de faire mener à son fils une vie princière, en prenant bien soin de le préserver de ces quatre rencontres, en commençant par lui trouver une épouse. Mais le prince, las de sa vie princière, décida de voir le monde hors des murs de son château. Et il fera la rencontre des quatre signes prédits par le sage le jour de sa naissance : un vieillard, un malade, un mort et un ascète faisant la mendicité. Siddhârtha, très bouleversé, décida de quitter le château, après avoir fini de convaincre son père.Siddhârtha commença par se rendre auprès de grands maîtres, des brahmanes auprès de qui il n'apprendra pas grands choses, ne trouvant pas de réponses à ses questions. Il alla alors à la rencontre de maîtres de yoga afin de se livrer à la méditation. Une nouvelle fois déçu, il les quitta et, accompagné de cinq disciples, alla mener une vie d'ascèse extrême qui dura six ans. Finalement, au bord de la mort dû à l'épuisement physique, Siddhârtha réalisa la vanité de ces pratiques extrêmes et qui ne lui avait permis de trouver la vérité qu'il cherchait. Dès lors, convaincu que la faiblesse physique, non plus que la richesse matérielle, ne servait à quoi que ce soit dans sa recherche, Siddhârtha reprit des forces et commença une vie de mendicité.

Siddhârtha, sentant que Éveil serait proche, s'assis sous un figuier pipal, et refusa de se lever tant qu'il n'atteindrait pas Éveil C'est alors que Mara, le dieu de la Mort qui préside au samsara, conscient que Siddhârtha allait trouver les moyens de briser la malédiction du samsara, essaya de déstabiliser Siddhârtha, mais en vain. Siddhârtha saisit tout le mystère de la mort et de la renaissance et celui aussi de la suppression de la souffrance dans le monde du samsara.


Dès lors, Siddhârtha fut donc éveillé à la vérité de toutes choses - il était enfin devenu le Bouddha. Et c'est-ce Bouddha qui, au cours de sa première prédication à Bénarès, a révélé aux autres êtres vivants cette même vérité libératrice, une vérité qui constitue le cœur du deuxième joyau du bouddhisme, le Dharma, le premier étant le Bouddha lui-même.

24/05/2007
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Dhamma - prologue

Le Bouddha, après après avoir longtemps hésité par peur de ne pas être compris, décida d'enseigner ses découvertes, il a donc mis en mouvement la Roue de la Loi (Dharmaçakra). Dans le bouddhisme, , la roue (çakra) n'est plus un symbole du bon gouvernement par lequel le monarque étend son empire et assure la paix et la prospérité de tous. Elle devient plutôt le symbole de l'enseignement ou de la loi (dharma). Par la mise en branle de la Roue de la Loi, le Bouddha annonce aux limites de l'univers connu le contenu de son enseignement, indiquant par là que le bouddhisme est à ranger parmi les grandes religions universelles, c'est-à-dire s'adressant à tous les hommes. Le premier sermon du Bouddha eut lieu à Bénarès, sermon fait à ses cinq anciens compagnons. Dans ce sermon, le Bouddha commence par énumérer sa théorie du Juste Milieu, c'est-à-dire qu'il faut éviter les deux extrêmes que sont l'attachement aux plaisirs des sens et les mortifications ascétiques, qui engendrent tout autant de mauvaises conséquences. Ensuite le Bouddha indique que cette Voie du Milieu passe par le respect du noble chemin octuple, à savoir : la compréhension juste, la pensée juste, la parole juste, l'action juste, le moyen d'existence juste, l'effort juste, l'attention juste et la concentration juste. Alors l'on est en mesure d'atteindre le nirvana, échappant ainsi au samsara.
Selon le Bouddha, « la naissance est souffrance, la vieillesse est souffrance, la maladie est souffrance, la mort est souffrance, être uni à ce que l'on aime pas est souffrance, être séparé de ce que l'on aime est souffrance, ne pas avoir ce que l'on désire ; en résumé, les cinq agrégats d'attachement sont souffrance. »
Selon lui, la cause de la souffrance est dans le désir, et la cessation du désir entraîne la libération. Enfin, c'est par le noble octuple sentier que l'on peut se libérer du désir, donc de la souffrance.

Les propos du Bouddha, en apparence pessimistes, cachent en réalité son réalisme. Les bouddhistes, très pragmatiques, se content de constater que la souffrance existe et qu'elle les touche à chaque instant. Elle est, dans leur analyse, le trait le plus voyant du monde du samsara. Et le problème, pour eux, est uniquement de trouver le moyen de se libérer de l'emprise de cette souffrance universelle a sur l'homme.

Or la force du Bouddha est d'avoir trouvé ce moyen par les quatre nobles vérités :

1) la vie est souffrance (duhkha).
2) il y a une cause à cette souffrance et cette cause est le désir.
3) il y a un moyen de supprimer ce désir (par le nirvana) et donc la souffrance
4) ce moyen est le noble chemin octuple.

Bouddha nie l'existence du Soi car il conduit l'homme à cette soif du désir (2ème Noble Vérité). Mais alors, que sommes nous ?

Le Bouddha n'était pas satisfait par les réponses que lui avaient apportés les gourous qu'il avait rencontré. En effet, ceux-ci adoptaient le point de vue orthodoxe brahmane selon lequel l'homme doit parvenir à la libération en réalisant l'union de l'âme individuelle (atman) avec l'âme du monde, ou universelle (brahman). Or, le Bouddha refuse d'admettre l'existence d'une âme individuelle, et donc d'un quelconque Soi. La croyance en un Soi dénote encore de l'attachement et ignore le fait que nous sommes uniquement la somme de certains agrégats, composés à la naissance, et qui seront à nouveau dissous à la mort, tout être étant soumis à l'impermanence des choses.

>Les cinq agrégats (skandha)

Ici est le point le plus fondamental de la pensée bouddhique qui affirme qu'en l'homme il n'existe rien qui corresponde réellement à l'idée d'un soi permanent. Ce que nous nommons le soi n'est qu'une combinaison de forces ou d'énergies physiques entremêlées, en état de changement constant. C'est la non compréhension de ces agrégats qui fait que l'on attache de l'importance à un soi, le croyant réel, et, créant de l'attachement illusoire, entraîne la souffrance et donc le samsara.
Ces cinq agrégats sont :

1° la corporéité, ou agrégat de la matière
2° l'agrégat des sensations
3° l'agrégat des perceptions
4° l'agrégat de la volition ou des compositions psychiques
5° l'agrégat de la conscience ou de la connaissance

Et ce sont ces cinq agrégats, composés, en changement constant et destructibles, qui composent les individus. Toutes ce qui est constitué de ces cinq agrégats revêt « trois caractères », qui sont :

1° l'impermanence (anitya)
2° la douleur (duhkha)
3° la nature insubstantielle de toute chose, dépourvue d'un soi (anatman)

La troisième noble vérité, le moyen d'échapper à ce désir par le Niravana

« la noble vérité sur la cessation de la souffrance. C'est la cessation complète de cette soif, la délaisser, y renoncer, s'en libérer, s'en détacher. »

Avec cette troisième noble vérité, le Bouddha offre à l'homme l'espérance de pouvoir véritablement se délivrer de sa souffrance, de pouvoir se libérer du samsara. Ce que le bouddhiste doit viser, selon cette vérité, c'est la réalisation de l'état du nirvana, nirvana étant un mot sanscrit plus ou moins intégré aujourd'hui au vocabulaire religieux français.

>Le sens du nirvana

Notion complexe s'il en est, le nirvana désigne à l'origine l'extinction. Mais l'on a longtemps cru à tort qu'il s'agissait de l'extinction de Soi. Or le bouddhisme nie l'existence du Soi. Il s'agit en fait de l'extinction de ces soifs ou désirs qui, eux, perpétuent l'illusion qu'au fond de chaque homme il existe un soi permanent, un atman ou, dans des termes qui nous sont plus familiers, une âme. Car cette illusion engendre une rage de vivre de plus en plus intense qui se traduit à nouveau dans des passions et des désirs toujours plus brûlants et ainsi de suite. Et tout cela augmente, selon la loi karmique, la force vive qui retient l'être prisonnier dans le cycle infernal des naissances et des morts. Alors seul l'extinction de tout désir, de toute soif, aura pour conséquence la disparition de l'illusion du soi et la libération finale du monde du samsara. On commence alors à renverser la force vive du karma. En conséquence, même si l'homme retombe dans l'existence après la mort, il s'agira d'une existence dans laquelle il deviendra de plus en plus ouvert à la vérité fondamentale exprimée dans l'enseignement du Bouddha. La force vive du karma ainsi renversée, l'être peut espérer réellement arriver au point où tout désir sera éteint, où tout mauvais karma aura disparu, où la possibilité de retomber dans l'existence sera éliminée. C'est ainsi que l'on arrive au nirvana.
la quatrième noble vérité

« la noble vérité sur le chemin qui conduit à la cessation de la souffrance. C'est le noble octuple chemin, à savoir : la compréhension juste, la pensée juste, la parole juste, le moyen d'existence juste, l'effort juste, l'attention juste et la concentration juste. »

Il s'agit du remède à appliquer pour éradiquer la souffrance, on abandonne son origine, on atteint sa cessation et on progresse sur la voie. Les huit branches de la noble voie octuple doivent être pratiquées simultanément. Elles permettent d'appliquer et de développer les trois entraînements le long de la voie.

1° la conduite éthique
2° le recueillement méditatif
3° la connaissance supérieure

1° la conduite éthique :

A) la parole juste : ne pas mentir, ne pas médire, ne pas parler durement ou injurier, éviter les bavardages futiles.
B) l'action juste : ne pas tuer, ne pas voler, observer une éthique en matière de sexualité, aider autrui à mener une vie juste.
C) les moyens d'existence juste : ne pas vivre d'une profession nuisible à autrui comme le commerce d'armes, la mise à mort d'animaux, l'escroquerie, etc.
Tout cela dans une attitude de bienveillance à l'égard de tous les êtres.

2° le recueillement méditatif :

A) l'effort juste : se garder de l'émergence de nouvelles passions malsaines, se débarrasser des habitudes mentales malsaines habituelles, engendrer des états mentaux bons et sains, développer ceux qui sont déjà présents.
B) l'attention juste : attention au corps, aux sensations, aux activités de l'esprit, aux pensées et concepts.
C) la concentration juste : au moyen de la respiration par exemple.

3° la connaissance supérieure :

A) la pensée juste : renoncement, absence d'égoïsme, amour pour tous les êtres et non-violence.
B) la compréhension juste : compréhension des quatre nobles vérités.

Après avoir étudier le Bouddha, les Quatre Nobles Vérités qui sont le cœur du dharma, ou Loi Bouddhique, nous allons maintenant étudier la communauté bouddhique, ou sangha, troisième Trésor du bouddhisme.


24/05/2007
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La communauté bouddhique : Samgha

La première communauté constituée autour de Bouddha furent ses cinq premiers disciples. Peu à peu, il parvint à les faire accéder à une connaissance sans cesse accrue. « Quand le Bienheureux eut prêché cette doctrine, la pensée des cinq moines fut délivrée de toute impureté et ils purent alors faire naître la connaissance de la délivrance sans obstacle (càd le nirvana). À ce moment, il y eut en ce monde six arhats : les cinq disciples et le Tathagata (« l'Ainsi-venu », le Bouddha), Arhat complètement et parfaitement éveillé. »
Ainsi s'est constituée la première communauté.

L'expérience de conversion dans le bouddhisme

Cette expérience de la conversion apparaît avant tout dans les paroles du Maître. Le Bouddha, on l'a vu, a longuement hésité à propager le fruit de sa découverte. Aussi, il ne dispense pas son enseignement à n'importe qui, il choisit son auditoire en mesure de sa capacité à pénétrer les vérités qu'il a mises au jour. Ce qui ne signifie pas que le Bouddha rejette définitivement certaines personnes en raison de leur manque de capacités spirituelles. Ces personnes peuvent, au contraire, acquérir de grands mérites en donnant de quoi subsister aux moines, créant ainsi un bon karma qui, dans une vie ultérieure, leur ouvrirait la possibilité de répondre plus activement, si l'on veut, à la vérité. Voila donc pour le choix que le Bouddha fait de ses auditeurs. Si le Bouddha s'adresse en priorité aux gens de grande compréhension spirituelle, il sait aussi preuve de génie pédagogique en prodiguant un enseignement en fonction des capacités de chacun, de sorte que, pour chacun de ses discours, chaque auditeur est capable d'en tirer des profits selon leurs capacités.

Ensuite, le Bouddha accorda la conversion aux premiers laïcs, qui prirent alors les trois refuges, triple refuge dans le Bouddha, le dharma et le samgha. En outre, les laïcs devaient émettre le souhait de devenir un fidèle laïc.

la vie de la première communauté bouddhique

plusieurs catégories composent la communauté bouddhique :

>Les religieux mendiants (ou bhiksu) : représentent le mode ordinaire de parvenir à l'éveil, quelle que soit l'école de philosophie indienne. Dans certains pays bouddhistes, comme la Chine où le courant Chan/Zen est très important, la communauté des moines s'adonne à des travaux manuels, inimaginables en Inde.

>Les religieuses mendiantes (ou bhiksuni) : le Bouddha n'accepta que fort tard et avec réticence d'admettre au sein de la communauté des nonnes.

>Les troisièmes et quatrième catégories de fidèles sont les upasaka ou frères laïcs et les upasika ou sœurs laïques.Les dix préceptes : tout membre de la samgha doit respecter 10 préceptes dont voici les quatre premiers :

1° s'abstenir de détruire la vie.

2° s'abstenir de voler - ou plus exactement s'abstenir de prendre ce qui n'est pas donné.

3° s'abstenir de fornication et de toute impureté.

4° s'abstenir de mentir.

Tout est destiné à éteindre peu à peu le feu des passions qui, en effet, est alimenté par les actions interdites dans ces préceptes.


« bouddhisme nibbanique » et « bouddhisme karmique »

On distingue ces deux sortes de bouddhisme, un moyen pour différencier un bouddhisme qui serait celui des laïcs, le bouddhisme karmique, c'est-à-dire un bouddhisme qui, parce qu'il repose sur une accumulation des mérites, entraîne pour résultat un bon karma et, donc, des conditions favorables de renaissance, et un bouddhisme monastique, le bouddhisme nibbanique, qui serait celui des moines, à savoir un bouddhisme qui repose avant tout sur une ascèse qui mène une haute compréhension des vérités bouddhiques : tout est douloureux (duhkha), impermanent (anitiya) et sans substance (anatman). Les laïcs, parce qu'ils ne s'engagent pas sur la voie monastique seule capable d'atteindre l'illumination, ont toujours été pratiquement exclus du « bouddhisme nibbanique » - c'est-à-dire de la voie radicale qui ne vide à rien d'autre que le nirvana (nibbana en pali).
En bref, le laïc essaie en quelque sorte de renverser la force du karma (d'où le nom de « bouddhisme karmique ») en faisant de tout petits pas qui, selon l'enseignement du Bouddha, auront leur effet dans l'avenir. C'est pourquoi le Bouddha, tout en sachant que tel homme ne pourra jamais véritablement comprendre les quatre nobles vérités dans cette vie, l'accepte comme il est, et fait tout pour que le grain de foi qui est au fond de lui, grandisse et devienne un jour, dans un avenir lointain, assez fort pour l'amener à la réalisation du nirvana.

la crise du premier samgha

le Bouddha une fois mort, il était inévitable que surgissent des tensions ou des divergences. En effet, comment interpréter le Triple Refuge après sa mort. Le refuge dans le Bouddha (il n'est plus là!), le Refuge dans le Dharma (mais qui est habilité à interpréter la Loi bouddhique si ce n'est le Bouddha, qui n'est plus là!) et le Refuge dans la Sangha (mais cette communauté a vu le jour autour d'une personne, le Bouddha!). C'est la première crise de la communauté bouddhique qui fera l'objet du chapitre suivant.


25/05/2007
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La maturation et l'expansion du bouddhisme

Après la mort du bouddha, il semble bien que les membres de la sangha ont voulu organiser la doctrine en un tout systématique, créant ainsi la troisième des trois « corbeilles », l'abhidharma pitaka, qui compile les enseignements du Bouddha. Conscients d'avoir eu à surmonter une première crise, les moines de la sangha ont ainsi voulu définir de manière systématique les détails de la voie menant à l'éveil, la « voie de l' Arhat. L'arhat représente la perfection menant à l'éveil, et ce au moins jusqu'à l'apparition du Grand Véhicule. L'idéal de l'arhat continue de marquer la vie spirituelle du Sri Lanka et des autres pays d'Asie du sud-est attachés à la tradition du Petit Véhicule.

Le Bouddha est souvent considéré comme un arhat, à la différence près qu'il fut le premier, le premier à avoir découvert l'éveil et à être sorti du cycle des renaissances. C'est pourquoi les autres arhats qui viendront à sa suite seront souvent appelés des « auditeurs », ou shravaka. Dans cette voie de l'arhat, il est des éléments qui empêchent l'aspirant à l'éveil, et d'autres qui lui sont favorables.

Les éléments qui empêchent l'aspirant d'avancer :

>Les dix liens qui maintiennent l'homme dans le samsara : la croyance en un soi permanent, le doute, l'attachement aux rites et aux règles (dans le bouddhisme le salut ne vient pas de l'extérieur, mais on attend une transformation venant de l'intérieur),le désir sensuel, la malveillance, le désir de l'existence comportant une matière subtile et celui d'une existence immatérielle (souhaiter devenir un dieu, alors que seule la vie humaine permet d'atteindre l'éveil), l'orgueil, l'agitation et enfin l'ignorance.

>Les quatre souillures : le désir sensuel, le désir de la continuation de l'existence (lié à la croyance en un soi permanent), les vue erronées et l'ignorance.

>Les trois racines du mal : l'amour (car de l'amour vient l'attachement), la haine et l'erreur. Ce sont ces racines qui constituent le centre de la roue de al vie. Aussi longtemps qu'elles continuent d'exercer une influence sur l'homme, la roue de la vie continue à tourner, entraînant ainsi l'homme dans le tourbillon vertigineux de ce monde.

Les éléments qui aident l'homme sur la voie :

>Les cinq facultés, ou vertus, les force spirituelles qui peu à peu arrivent à dominer et à façonner tous les actes de l'homme. Ces cinq facultés sont : la foi (foi qui doit s'enraciner chaque jour davantage, foi dans les trois joyaux que sont le Bouddha, le Dharma et le Sangha, et enfin il s'agit d'une foi qui peut se comprendre par les moyens de l'intellect, rien ne trouvant hors de l'intelligence de l'homme), l'énergie ou effort juste, l'attention juste, la concentration juste (c'est l'importance accordée à la concentration qui aura permis le développement du zen en Chine et au Japon, alors que l'importance accordée à la vertu de foi aura permis l'essor du bouddhisme dévotionnel comme les courants amidistes), et enfin la sagesse, vertu par excellence (prajna en sanskrit), celle qui permet de réaliser les trois caractères des choses (impermanence, douleur, et insubstantialité) et mène à la réalisation de l 'état d'arhat.

>les trois éléments essentiels du noble chemin : dans cette classification l'on range les huit branches du noble octuple sentier en trois éléments, à savoir : la sagesse (qui réunit la compréhension juste et la pensée juste), la discipline morale (comprenant la parole juste, l'action juste et le moyen d'existence juste) et enfin la discipline mentale, réunissant l'effort juste, l'attention juste et la concentration juste).
Telle est la voie de l'arhat, et il faut chercher l'origine du bouddhisme des sectes dans les différences d'interprétation de cet idéal de l'arhat.

le bouddhisme des sectes

Comme on peut le voir, l'idéal de l'arhat est particulièrement exigeant et demande beaucoup d'efforts, étant même réservé à une petite élite. C'est alors qu'un moine très respecté, Mahadeva, déclara qu'un arhat n'est pas si parfait , et qu'il peut encore témoigner de l'attachement pour le monde des passions, il ira même jusqu'à dire qu'un arhat doit pratiquer sous la conduite d'un maître. En parlant ainsi, il est évident que Mahadeva voulut sortir le bouddhisme d'une certaine élite, et ses prises de position entraîna la formation d'un premier concile, le concile de Pataliputra.
>La majorité de ceux présents au Concile s'est prononcée en faveur de Mahadeva, et donc d'une libéralisation du bouddhisme. Ce groupe a été connu sous le nom de Mahasanghika. Les adversaires de cette nouvelle tendance se sont retranchés derrière l'idéal de l'arhat comme il avait toujours été compris dans le temps des « anciens ». Ce groupe a engendré de nouvelles écoles, dont le Theravada (la tradition des Anciens), et c'est la seul qui ait résisté aux ravages du temps et qui subsiste encore aujourd'hui au Sri Lanka, Cambodge, Birmanie, Thaïlande et Laos. Ainsi s'est opéré le passage du bouddhisme primitif au bouddhisme des sectes.


l'expansion du bouddhisme

>La première cause de cet élan missionnaire du bouddhisme est à chercher à l'intérieur même de la doctrine bouddhique, au moment où Bouddha a décidé de mettre en mouvement la Roue de la Loi => appel à la propagation de sa découverte). Une deuxième cause de l'élan missionnaire a été l'activité intellectuelle considérable qui a marqué le développement du bouddhisme des sectes, favorisant ainsi son épanouissement géographique.
C'est au Sri Lanka que les missionnaires bouddhistes ont connu leurs plus grands succès. Le fils d'Ashoka s'y est rendu lui-même afin d'y introduire la loi bouddhique. Le fait que cette île soit devenue un État bouddhique témoigne de l'ampleur de ce succès. La forme du bouddhisme qui s'est implantée définitivement au Sri Lanka est celle du Theravada. Depuis Sri Lanka et les côtes orientales de l'Inde, le message s'est propagé plus tard vers les pays du Sud-Est asiatique (Cambodge, Birmanie, Laos et Thaïlande). En général, dans la plupart des pays concernés, c'est le bouddhisme du Theravada qui a dominé et qui continue d'ailleurs à guider ces peuples dans leur recherche spirituelle.
Au nord-ouest de l'Inde, à Gandhara, les missionnaires bouddhistes ont rencontré la pensée grecque - et aussi l'art hellénique. Du Gandhara, la loi bouddhique s'est propagée en Asie centrale. A l'ouest, le bouddhisme n'a guère connu de succès, mais à l'Est en revanche, il est devenu le système de pensée le plus répandu. Le premier signe d'une présence bouddhique en Chine date du commencement de notre ère. Mais on peut penser que le bouddhisme avait déjà pénétré la Chine depuis deux siècles grâce aux marchands et autres réfugiés politiques. En tout cas, il existe des documents qui attestent que, dès l'an 65 après J.-C., une communauté bouddhique existait en Chine.
Avec ces quelques mots sur la première expansion du bouddhisme hors de l'Inde, on pourra avoir une idée de la zone d'influence de cette tradition, vers le IIème siècle de notre ère. Cela nous préparera à l'étude d'un mouvement tout à fait nouveau qui, après le Ier siècle de notre ère, a pris une importance considérable dans le sangha et parmi le peuple. Il s'agit du bouddhisme du Mahayana, ou du Grand Véhicule.


Diffusion et expansion du bouddhisme en Asie



25/05/2007
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La communauté en crise

A la mort du Bouddha s'est naturellement posée la question de la pureté doctrinale du bouddhisme et de la fidélité à l'enseignement du maître. On posera alors le problème de la succession du Bouddha.

>Bouddha et Devadatta
On attribue à Devadatta, le cousin du Bouddha, l'origine du premier schisme qu'a connu le bouddhisme. Le Bouddha ne s'est jamais bien entendu avec ce cousin qui lui vouait une jalousie extrême. Devadatta fit tout pour créer un schisme, mais en vain.

>Bouddha et Ananda

Ananda, le disciple préféré du Bouddha tant ses mérites étaient grands et sa conduite remarquable, pensait lui aussi au problème de la continuité de la sangha, mais, à la différence de Devadatta, dans un but désintéressé. Ananda demanda alors au Bouddha de laisser des instructions à la communauté et de désigner un successeur. Ainsi fut la réponse du Bouddha :

« Qu'attend de moi la communauté, ô Ananda ? N'ayant jamais voulu la diriger ni la soumettre à mes enseignements, je n'ai point d'instructions à lui laisser. Je touche à ma fin. Après ma mort soyez à vous-mêmes votre propre île, votre propre refuge ; n'ayez point d'autre refuge. »

Ananda

En bref, le Bouddha ne voulait laisser que la Loi, le dharma - la vérité qui gouverne toute chose et tout être, de l'intérieur. Il resterait alors à chacun à découvrir cette vérité, à faire sienne l'expérience de l'Eveil que le Bouddha lui-même avait faite. Mais cette attitude du Bouddha ne pouvait manquer d'aller à l'encontre de la faiblesse humaine, et allait immanquablement créer une situation propre à multiplier les schismes. C'est pourquoi la communauté, après la mort du Bouddha, s'est quand même attachée à préserver toute la pureté de la loi laissée par le Maître.

le souci de préserver une continuité doctrinale

De la mort du Bouddha à la date du premier concile qui a abouti à une première scission du bouddhisme en plusieurs écoles (vers 340 avant notre ère), on parle généralement de « bouddhisme primitif » pour qualifier un bouddhisme qui serait le plus authentiquement proche de l'enseignement du Bouddha. Disposant de peu de textes nous permettant de définir ce bouddhisme primitif, nous devons étudier la formation du premier canon bouddhique. A l'origine, les écrits bouddhiques ont été rédigés par des disciples du Bouddha qui avaient recueilli les propos du maître dans ce qui leur semblait d'essentiel. Ensuite, des maîtres se sont contentés de puiser dans cette source de pensées pour établir leur propre système, ne conservant que ce qu'il leur apparaissait comme indispensable et rejetant des éléments jugés secondaires. C'est ainsi qu'est né le bouddhisme des sectes. Il s'agit d'un bouddhisme aux spéculations métaphysiques arides, qui bien souvent a fini par obscurcir le message originel du Bouddha, qui n'a jamais organisé la totalité de don enseignement de manière systématique. Ajouté à cela que le Maître dispensait un enseignement purement oral et l'on comprendra alors les difficultés à établir un canon cohérent. Et c'est dans les « dits » et « faits » du Bouddha qu'il faut chercher l'origine du canon bouddhique.
En dépit de la rédaction de sources écrites près de deux siècles après l'apparition du bouddhisme des sectes, il est néanmoins possible de se faire une idée de la doctrine originelle tant certains éléments sont communs à toutes les écoles. Après avoir aperçu ce qu'était la doctrine bouddhique dans sa forme primitive, il faut maintenant voir comment cette doctrine était vécue au sein de la communauté bouddhique primitive, et comment avec le temps, cette doctrine et l'idéal qu'elle offrait à l'homme se sont obscurcis, du moins selon certains, derrière un véritable écran de spéculations arides, ce qui a créé une situation favorable au développement d'une forme nouvelle du bouddhisme, le Mahâyâna ou Grand Véhicule.


25/05/2007
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